> Depuis les travaux de Johnson et North, il est admis que les opiacés augmentent l'activité des neurones dopaminergiques par un mécanisme de désinhibition impliquant des neurones GABAergiques. Des données récentes appellent cependant à une mise à jour de ce modèle. Ainsi, les neurones GABAergiques par lesquels les opiacés exercent leur action sont maintenant localisés anatomiquement de manière plus précise et caractérisés fonctionnellement. Une structure cérébrale, découverte cette dernière décennie, en continuité avec la partie postérieure de l'aire tegmentale ventrale, est en effet le substrat neuroanatomique de la désinhibition GABAergique. En outre, d'autres données mettent aussi en évidence le rôle essentiel de la transmission glutamatergique dans cette régulation opioïdergique des neurones dopaminergiques. Lors d'un sevrage prolongé aux opiacés, la balance entre les entrées inhibitrices et excitatrices sur les neurones dopaminergiques se trouve perturbée. Ces résultats amènent ainsi à proposer une hypothèse originale pour expliquer les conséquences d'un sevrage prolongé aux opiacés sur l'humeur. < excitent indirectement les neurones dopaminergiques de l'aire tegmentale ventrale (VTA, pour ventral tegmental area) en levant un frein inhibiteur exercé localement par des neurones GABAergiques (produisant de l'acide γ-aminobutyrique, GABA). Si, près d'un quart de siècle plus tard, le modèle est toujours d'actualité dans ses grandes lignes, certaines mises à jour sont aujourd'hui indispensables. En effet, alors qu'initialement des inter-neurones de la VTA étaient supposés être à l'origine de la désinhibition, le rôle d'une autre population neuronale GABAergique, postérieure à la VTA [3,4], de même que celui de la transmission glutamatergique dans la VTA, apparaissent maintenant évidents [4].
La queue de la VTA, un nouveau site d'action des opiacésÉvènement de plus en plus rare en neurosciences, une nouvelle structure cérébrale a été découverte et décrite dans la dernière décennie. Située dans le prolongement postérieur de la VTA (Figure 1A), elle a été nommée queue de l'aire tegmentale ventrale (tVTA, pour tail of the VTA) [5,6] ou noyau rostromédian du tegmentum (RMTg, pour rostromedial tegmental nucleus) [7] par les équipes pionnières qui l'ont décrite chez le rat. Depuis, sur la base de son connectome 2 , l'équivalent de cette structure a été observé chez la souris [8] et chez le singe [9], mais sa description chez l'homme reste encore à réaliser. Principalement GABAergique, la tVTA innerve massivement les neurones dopaminergiques de la VTA mais aussi de la substance noire compacte 3 2 Carte de ses différentes connexions. 3 La substance noire est une petite structure cérébrale qui comporte seulement quatre cent mille neurones dont les corps cellulaires envoient des prolongements en direction des neurones d'un gros noyau cérébral, le striatum. Le neurotransmetteur qui intervient dans ces synapses est la dopamine, présente en grande quantité dans la substance noire et dans le striatum.1 MRC Brain network dynam...