Cet article a pour objectif de susciter la réflexion sur l’utilité du concept de « styles d’apprentissage » VAK (visuel, auditif, kinesthésique) en éducation. L’idée selon laquelle l’information est mieux apprise lorsque présentée dans un format compatible à la modalité sensorielle « préférée » ou « dominante » d’un individu est très en vogue, en éducation. Or, dans l’état actuel de la littérature scientifique, l’optimisation du rendement scolaire par l’appariement de modes d’enseignement aux styles d’apprentissage VAK (p. ex., présenter des diagrammes aux apprenants « visuels ») est une hypothèse de recherche encore en quête de validation. Lorsque véhiculée à tort comme un fait scientifique établi, l’hypothèse dite d’appariement revêt les apparences d’un mythe scientifique. Nous examinons d’abord les arguments évoqués pour attribuer un statut mythique aux styles d’apprentissage VAK. Puis, nous analysons les mises à l’épreuve empiriques de l’hypothèse d’appariement, reposant sur des méthodologies diverses (devis corrélationnel, devis expérimental, imagerie cérébrale fonctionnelle, stimulation magnétique transcrânienne, enregistrement des mouvements oculaires), pour constater l’absence, jusqu’à présent, de données probantes en sa faveur. Nous abordons ensuite le point de vue selon lequel les styles d’apprentissage VAK pourraient avoir une portée pédagogique sans devoir évoquer le bien-fondé de l’hypothèse d’appariement. Enfin, nous proposons des pistes de recherche future, émettons des recommandations pour prévenir l’adoption de pratiques éducatives non fondées chez les étudiants en formation à l’enseignement, puis soulevons des approches pédagogiques autres que la prise en compte des styles d’apprentissage VAK pour différencier l’enseignement et favoriser la réussite scolaire.