Depuis quelques années à l’Université d’Ottawa, une grande partie des personnes étudiantes en enseignement arrivent d’Afrique subsaharienne. Cette situation fait écho à la pénurie de main-d’oeuvre qui se fait sentir de façon très prononcée dans le milieu éducatif francophone ontarien. L’intégration d’enseignantes et d’enseignants issus de l’immigration nouvellement (re)qualifiés dans ces espaces constitue un enjeu tant au niveau individuel, par la volonté de réussir le projet migratoire, qu’au niveau social, par les efforts visant à pallier le manque de personnel enseignant. Selon la littérature recensée, même dans le cadre d’un stage réussi, ces enseignants se heurtent à des difficultés liées à leur conception des relations interpersonnelles, de l’approche pédagogique et de la gestion de classe et, subséquemment, à la transformation de ces conceptions. Prenant appui sur l’éclairage de concepts théoriques liés à l’interactionnisme symbolique, cette étude qualitative présente le cas de deux stagiaires d’Afrique subsaharienne invitées à un entretien individuel, puis à trois entretiens en dyade. Le récit de différents incidents critiques vécus en stage met en relief les compréhensions partagées portées par ces stagiaires issues de l’immigration et leur remise en question au contact de leur enseignante accompagnatrice. Ainsi, les résultats soulignent l’effet de la hiérarchie entre les stagiaires et leur enseignante accompagnatrice, notamment en ce qui a trait à la prise d’initiative et à la séparation entre vie professionnelle et vie personnelle. Une analyse en deux phases montre que les stagiaires se trouvent vulnérabilisées à travers la confrontation de leurs compréhensions partagées avec celles de leur enseignante accompagnatrice dans un contexte d’évaluation. C’est ainsi que l’article se termine par des recommandations formulées à l’intention des institutions universitaires et scolaires afin de diminuer la vulnérabilité des stagiaires arrivant d’Afrique subsaharienne.