Conflits armés et évolution de la scolarisation primaire et secondaire en République Démocratique du Congo de 2005 à 2015

Abstract

Cette étude vise à déterminer l’impact des conflits armés sur l’évolution de la scolarisation primaire et secondaire en République Démocratique du Congo (RDC) de 2005 à 2015. Elle est basée uniquement sur les données quantitatives, à savoir les statistiques de la population scolarisée et celles de la population scolarisable. L’étude analyse l’évolution de la scolarisation au moyen du taux d’accroissement annuel des effectifs, du taux brut de scolarisation et de l’indice de parité. Elle montre que le taux d’accroissement annuel moyen des effectifs des élèves équivaut à 6% aussi bien au primaire qu’au secondaire. L’accroissement des effectifs des filles a été plus important que celui des garçons, exprimant ainsi l’impact des campagnes de sensibilisation organisées par le Gouvernement de la RDC. Cependant, s’il a sensiblement évolué au primaire, passant de 81% à 111%, le taux brut de scolarisation a stagné au niveau de l’enseignement secondaire, soit en-deçà de 45%. L’étude montre, en outre, qu’au regard de la population scolarisable, les filles et les provinces affectées par les conflits armés ont été défavorisées sur le plan de la fréquentation scolaire au cours de la période de 2005-2015. Elle suggère que des efforts soient fournis pour assurer la parité filles-garçons et combler le retard enregistré par les provinces de l’Est du pays. C’est, entre autres, à ce prix que la RDC peut espérer atteindre l’objectif du développement durable 4 d’ici à l’horizon 2030. Enfin, eu égard à ses limites, l’étude suggère quelques pistes de recherches ultérieures.
 
 
 This study aims to determine the impact of army conflicts on the evolution of primary and secondary school attendance in the Democratic Republic of the Congo (DRC) from 2005 to 2015. It is based on quantitative data, namely statistics on the enrolled population and the school-age population. The study appreciates the evolution of school attendance through the annual growth rate of student sizes, the gross rate of school attendance and the parity index. It demonstrates that the average annual growth rate equals 6% at primary level as well as at secondary level. The increasing sizes of girls has been more important than that of boys, expressing therefore the impact of sensibilization campaigns organized by the Government of DRC. Thus, if it has been significantly developed at primary level, from 81% to 111%, the rate of school attendance has stagnated at the secondary level below 45%. The study shows further, concerning the school age population, girls and provinces affected by the army conflicts have been in a weak position at the level of school attendance during the period going from 2005 to 2015. It suggests that efforts should be made to assure gender parity and to fill the gap on the side of the provinces in the East of the country. It is, among other things, at this price that the DRC can hope to achieve Sustainable Development Goal 4 by 2030. Finally, seeing its limitations, the study suggests some areas of prospective research.
 
 

Etude Diagnostique et Prospective de L’enseignement Primaire en Territoire de Mahagi à L’ère de la Gratuité Effective en République Démocratique du Congo

“…En 1948, l'éducation s'érige en un droit fondamental, lorsque l'Organisation des Nations Unies déclare que « toute personne a droit à l'éducation » (Organisation des Nations Unies, 1948). Pour cette déclaration et la conférence mondiale sur l'éducation pour tous, tous les pays devaient admettre que l'éducation est un puissant moteur de la liberté politique et de tout progrès (Mokonzi, 2009;Ziulu et al, 2015et Kisembo, 2022. Il s'en est suivi la conférence mondiale sur l'éducation à Thaïlande en 1990, le forum mondial sur l'éducation au Sénégal en 2000 et la rencontre d'Incheon (République de Corée du sud) en 20015 qui, dans leur ensemble insistent sur l'éducation pour tous et surtout de qualité vers un développement durable (Unesco, 1990, 2000 et 2015; De Herdt et Kasongo, 2013; Banque mondiale, 2001;Unesco, 1996 et Kantabaze, 2010).…”

Impact des Écoles Maternelles sur les Performances des Écoliers de la République Démocratique du Congo

“…De ce fait, en dépit des efforts fournis par les pays et le déploiement de l'aide internationale, les systèmes éducatifs et de formation de nombreux pays de l'Afrique francophone restent en deçà des attentes (Balac & Zanou, 1997 ;Glebelho, 2011). De plus, abritant le plus de conflits intertribaux et instabilités politiques (Ziulu et al, 2021), la majorité de pays du continent africain se caractérisent par des difficultés à mobiliser des ressources publiques internes et ont du mal à financer leurs systèmes éducatifs (Eradi & Moflih, 2022 ;Guèye, 2021).…”

“…A cet effet, l'école congolaise est depuis longtemps très loin de la prééminence qu'elle avait dans les dépenses de l'Etat (Nfundiko & Langer, 2017). Les crises que le pays connait depuis des décennies s'accompagnent d'un effondrement du financement de l'éducation (Mokonzi, 2009(Mokonzi, , 2018, faisant passer la part du budget de l'Etat, consacré au secteur de l'éducation de 25% en 1980 à plus ou moins 1% entre 1990-2000 (Cellule technique pour les statistiques de l'éducation, 2009 ; Ziulu et al, 2021). Cette faiblesse du financement de l'éducation par l'Etat (Ministère du Plan, 2004), a eu pour conséquence le délabrement des infrastructures scolaires, la baisse du niveau de scolarisation due au fait que de nombreux enfants ne pouvaient plus accéder à l'école pour non-paiement des frais scolaires, surtout la baisse du niveau d'enseignement (Nfundiko & Langer, 2017) et à la marchandisation de l'éducation (Mokonzi, 2018).…”

“…De même, malgré le fait que ce financement a augmenté de 4.3% en 2010 à 18.23% en 2019 (Ziulu et al, 2021), il reste toujours insignifiant au regard de la demande fortement accrue de scolarisation que connait actuellement le pays et le besoin en ressources (Mokonzi, 2018) ; besoin engendré par l'effondrement du financement du système éducatif entre les années 1990 et 2000. Toutefois, en dépit de l'augmentation de la part du budget de l'Etat au secteur de l'éducation, le cycle maternel n'est pas financé et est, par ce fait, celui le plus exposé à la marchandisation.…”