À La Réunion, comme dans d’autres territoires ultramarins, les personnes qui nécessitent un traitement de haute technicité sont transférées dans des services hospitaliers hyperspécialisés de l’Hexagone. Cette mobilité thérapeutique ultramarine s’effectue à l’intérieur d’une frontière politique nationale et elle est financée par l’État français. Néanmoins, elle conduit les patient·e·s à traverser des frontières géographiques et socio-culturelles qui les éloignent de leur milieu familial, social et culturel. Cet article propose une « description dense » de plusieurs conséquences de la mobilité thérapeutique ultramarine par le récit de l’« expérience vécue » de patient·e·s. qui ont subi une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques. Cette expérience est façonnée par les questions financières implicites à la délocalisation des soins, par les problèmes logistiques et administratifs non prévisibles ou non pensés par l’institution, par les compétences en mobilité requises, par la souffrance et le dépaysement provoqués par l’éloignement. La parentalité se révèle être un des enjeux majeurs dans le vécu du transfert sanitaire.