La bilharziose intestinale humaine provoquée par Schistosoma mansoni est une mala die africaine introduite depuis trois siècles environ en Amérique du Sud et aux Caraïbes. Les soies antéacétabulaires latérales et les soies caudales préfurcales de la cercaire per mettent de différencier les souches africaines des souches américaines. L'établissement d'un indice portant sur les distances relatives entre certaines soies antéacé tabulaires est susceptible de fournir des données objectives sur le difficile problème posé par l'adaptation des souches humaines aux Rats. L'adaptation d'un souche humaine aux Muridés ne s'effectue pas par une sélection brutale au cours du premier passage, comme il est habituel pour la plupart des parasites, mais par un phénomène complexe ne commen çant à se manifester de façon décisive qu'au cours du quatrième passage environ ; expéri mentalement, l'indice cercarien humain (n = 1,0) ne change pas lors des premier et deuxième passage, puis commence à se modifier au troisième passage (n = 1,3) et atteint 1,5 au qua trième passage. Cette notion d'adaptation tardive se retrouve dans l'étude de différents phé nomènes observés par nous-mêmes ou nos collègues (soies du miracidium, réussite des pas sages expérimentaux, durée de la prépatence, traversée de la peau, etc...). L'indice des parasites adaptés au Rat (1,7), très différent de l'indice des parasites adap tés à l'Homme (1,0) nous paraît avoir une très grande importance pratique pour deux pro blèmes essentiels dans la bilharziose intestinale. a. Gravité des formes cliniques. On peut supposer que les souches murines seraient à l'ori gine des formes très graves de la maladie (cirrhose portale), car elles seraient mal adap tées à l'Homme. Il devient possible, par la simple détermination de l'indice cercarien des parasites émis par chaque malade, de voir s'il y a une corrélation entre la gravité clinique et l'indice plus ou moins élevé des cercaires, et d'infirmer ou de confirmer cette hypo thèse.