La gestion des compétences est, de nos jours, largement utilisée dans les grandes entreprises françaises qui cherchent, par ce biais, à s'assurer une meilleure performance et un maintien de l'employabilité de ses salariés (Dietrich et al., 2010; MEDEF, 1998). En dépit de ses avantages (autonomie, requalification des salariés, progression de carrière), la gestion des compétences est aussi associée à certains risques psychosociaux (Bouteiller et Gilbert, 2005; Reynaud, 2001). En effet, ce modèle véhicule une transformation du travail — en particulier pour les cadres — puisque les pratiques inhérentes peuvent générer une charge de travail supplémentaire (rapports fréquents à effectuer, évaluations stressantes, exigences comportementales).
L'objectif de cet article est donc de caractériser les composantes de la charge de travail perçue par les cadres d'entreprises qui pratiquent la gestion des compétences. Une étude qualitative exploratoire, s'appuyant sur des entretiens semi-directifs, a été menée à cet effet. Les résultats montrent que, dans des entreprises ayant adopté une gestion des compétences, la charge de travail perçue par les cadres se compose de trois paramètres « réformés » (rapport au temps de travail, rapport aux exigences du poste, rapport aux autres) et d'un nouveau paramètre (rapport aux exigences de maintien et de développement des compétences).