Avec la fermeture quasi générale des frontières en 2020, de
nombreux États européens ont incité leurs ressortissants à recourir au tourisme
domestique, c’est-à-dire à l’intérieur de leurs frontières, afin d’éviter
l’effondrement d’un pan entier de leur économie. Est-ce le signe d’une évolution
pérenne du modèle touristique vers une pratique de proximité, comme le suggèrent
certains auteurs qui estiment que la crise liée à la COVID-19 pourrait enfin
mettre un terme au (sur-)tourisme international, décrié depuis quelques années ?
Cette analyse fait débat. En interrogeant les crises du XXe siècle et du début du XXIe siècle, cet article
propose de comprendre comment ont été associées les dynamiques du tourisme
international et du tourisme domestique en Europe, avec un focus particulier sur
le cas français. C’est en effet un processus cumulatif (et non opposé) qui se
met progressivement en place au cours du XXe siècle en
Europe. Si le tourisme international est systématiquement perçu comme un outil
permettant de capter des devises nécessaires à la relance post-crise depuis la
Première Guerre mondiale, en servant progressivement de modèle (par exemple,
montée en qualité durant la crise de 1929), le tourisme domestique, grâce à sa
permanence, a souvent été utilisé par les acteurs de terrain afin de poser les
bases du tourisme international, par exemple avec les plans d’investissement de
la seconde moitié du XXe siècle. En cela, l’étude du
temps long offre un éclairage nécessaire afin de mieux percevoir les enjeux de
la gestion touristique de la crise née de l’épidémie de COVID-19.