Introduction
Les enquêtes sur la cueillette de données sur les blessures ciblent souvent
« l’événement le plus grave » dans le but de limiter les erreurs de mémoire et de réduire la
longueur des questionnaires. Cela risque cependant de masquer des blessures moins graves et
d’entraîner un biais dans les estimations des taux d’incidence de certaines sous-catégories de
traumatismes.
Méthodologie
Nous avons utilisé des données tirées de l’Enquête sur les comportements liés
à la santé des enfants d’âge scolaire (ECSEAS) et du Système canadien hospitalier
d’information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT) pour comparer les
estimations des taux d’incidence des blessures sportives chez les enfants canadiens.
Résultats
D’après les données de l’ECSEAS, 6,7 % des enfants déclarent avoir subi une
blessure sportive ayant nécessité une consultation à un service des urgences. N’ont cependant
été recueillies que les données sur la blessure « la plus grave » subie par l’enfant, ce qui fait
qu’un enfant ayant subi de multiples blessures justifiant une consultation à un service des
urgences est susceptible d’avoir subi des blessures sportives passées sous silence.
La sous-estimation de ce taux de 6,7 % pourrait atteindre 4,3 %. D’après les données de
surveillance du SCHIRPT correspondantes, le taux d’incidence de ces blessures est de 9,9 %.
Nous mettons également en lumière dans notre analyse le biais potentiel de masquage lié aux
blessures traitées par d’autres prestataires de soins de santé.
Conclusion
Poser une question sur « la blessure la plus grave » risque d’induire un biais de
masquage considérable du taux d’incidence des blessures sportives, limitant ainsi la capacité
des chercheurs à estimer l’ampleur réelle du phénomène. Des périodes de rappel plus longues
entraînent inévitablement un phénomène de masquage plus important. La conception des
enquêtes à venir devrait tenir compte de ces réalités. Si l’on veut faciliter une prise de
décisions éclairées et orienter correctement les futures recherches, il faut que les chercheurs
soient conscients de ces limitations.