2018
DOI: 10.7202/1042987ar
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« Croyez surtout pas que j’ai perdu la tête » : quand les lettres d’adieu de suicidés québécois défient les verdicts du coroner

Abstract: Selon l’OMS, 90 % des suicides sont liés à des problèmes de santé mentale. Or associer le suicide à une altération de l’esprit ne va pas de soi. Au Québec, il est par exemple historiquement aisé de montrer qu’un tel couplage dépasse largement des considérations d’ordre psychiatrique. Sans prendre position davantage dans ce débat, notre analyse de lettres d’adieu part néanmoins du principe que dès lors qu’il y a mise en mots du geste suicidaire, il y a, à travers ce récit, interpellation d’un futur dans lequel … Show more

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“…Et si le geste suicidaire reste encore source de malaise dans la société québécoise au début du 20 e siècle, le processus de « décriminalisation » de ce comportement est bien à l'oeuvre depuis déjà quelques années, notamment auprès des coroners qui hésitent à conclure à un verdict de suicide, préférant régulièrement mobiliser des appellations telles que « dans un moment de folie », « unsound mind », etc., lorsqu'il s'agit de qualifier le passage à l'acte suicidaire (Cauchie, Corriveau et Hamel, 2017 ;Corriveau, Perreault, Cauchie et Lyonnais, 2016 ;. À cela, il faut ajouter le fait que le suicide ne sera pas inscrit dans le premier Code criminel canadien en 1892, symptôme s'il en est un d'un changement des mentalités à l'égard de ce comportement.…”
Section: Discussion Conclusiveunclassified
“…Et si le geste suicidaire reste encore source de malaise dans la société québécoise au début du 20 e siècle, le processus de « décriminalisation » de ce comportement est bien à l'oeuvre depuis déjà quelques années, notamment auprès des coroners qui hésitent à conclure à un verdict de suicide, préférant régulièrement mobiliser des appellations telles que « dans un moment de folie », « unsound mind », etc., lorsqu'il s'agit de qualifier le passage à l'acte suicidaire (Cauchie, Corriveau et Hamel, 2017 ;Corriveau, Perreault, Cauchie et Lyonnais, 2016 ;. À cela, il faut ajouter le fait que le suicide ne sera pas inscrit dans le premier Code criminel canadien en 1892, symptôme s'il en est un d'un changement des mentalités à l'égard de ce comportement.…”
Section: Discussion Conclusiveunclassified
“…C'est donc lentement que des sociétés en viennent à accepter qu'il puisse y avoir des situations ou des raisons qui permettent de penser le suicide comme étant intelligible, voire légitime, et non comme une injure à Dieu ou un comportement teinté de folie. En lisant les nombreuses lettres d'adieu issues de notre banque de données sur le suicide au Québec entre 1760 et 1986 5 , nous avons pu constater que plusieurs des suicidés revendiquaient leur droit de mourir, certains adressant même leur missive directement au coroner ou au prêtre afin de justifier leur geste et leur état d'esprit auprès des autorités de l'époque (Cauchie, Corriveau et Hamel, 2017 ;Volant, 1990). C'est le cas de Joseph Thompson lorsqu'il écrit une longue lettre expliquant son suicide et dans laquelle on retrouve des arguments qui préfiguraient les débats actuels sur le droit de mourir dans la dignité.…”
Section: Introductionunclassified