Au début du siècle, les musiques et les danses des descendants d'Africains à Cuba étaient considérées comme répugnantes et inaudibles, et leur pratique sévèrement réprimée. Aujourd'hui, les tambours batá et les danses d'orichas attirent un nombre croissant de visiteurs européens et américains dans l'île, en tant que paradigmes d'une supposée « pure tradition yoruba ». Cet article tente d'analyser le rôle joué par les institutions (commerciales et nationales) et les intellectuels cubains dans le changement de statut de ce répertoire spécifique, ainsi que les interactions entre ces institutions et les pratiquants eux-mêmes, acteurs à part entière de cette évolution. Mots-clés : batá, santería, Cuba, musique, construction de la tradition, religions afro-américaines. Summary : At the beginning of the century, the musics and dances of Cubans of African descent were widely perceived as vulgar and unmusical, and they were consequently severely repressed. However, batá drums and orichas dances attract today a growing number of European and US visitors who see them as the paradigms of a supposedly « pure Yoruba tradition ». This article explores the role played by commercial and national institutions as well as Cuban intellectuals in the change of status of this specific repertoire. It also highlights the interaction between these institutions and the practitioners themselves, who are an integral part of this evolution.