L’article s’intéresse à une forme particulière de nature ordinaire cultivée dans un contexte métropolitain : la nature jardinée. À partir de l’étude de 8 jardins ouvriers municipaux dans les villes de Malmö et Göteborg, l’article questionne le rôle social d’intégration de la nature jardinée pour les populations immigrées, traditionnellement très présentes dans les jardins, dans le contexte de sociétés métropolitaines multiculturelles. Conçue par les municipalités comme un outil d’accès de tous à la nature, la nature jardinée cultivée reflète néanmoins la ségrégation sociospatiale à l’œuvre dans les métropoles ainsi que les tensions sociales autour de la présence étrangère en Suède. Ses paysages et ses agencements sont l’expression de rapports à la nature particuliers et d’un usage alimentaire dominant des parcelles pour les populations immigrées. Les jardins affirment des identités culturelles qui sont source de biodiversité culturale en ville. Ils sont le support du développement d’une agriculture informelle qui alimente les communautés en légumes culturellement appropriés. Ces usages de la nature jardinée peuvent entrer en contradiction avec les fonctions environnementales qui lui sont attribuées par les aménageurs. La marginalité des jardins municipaux dans les projets d’agriculture urbaine et de développement durable remet en question leur rôle social d’intégration.