Les paysans de l’époque moderne étaient-ils tous des crève-la-faim ? À partir de l’exemple du Bas-Poitou au xviii e siècle, cet article entend remettre en question le point de vue misérabiliste largement répandu sur l’alimentation paysanne. Sans verser dans l’extrême inverse de l’idéalisation de leurs conditions d’existence, il cherche à mettre en évidence les possibilités de choix culinaires et de préférences gustatives des paysans. Pour ce faire, sont successivement évoquées la vulnérabilité des paysans qui conditionne leurs capacités d’approvisionnement, la richesse des préparations culinaires à partir de la culture matérielle et des prémices des cuisines régionales ainsi que la recherche de satisfaction gustative qui conduit les paysans à tenter de surmonter les contraintes et à compenser la frustration du régime quotidien.