Les communes ont depuis 1789 connu d’importants bouleversements, sous l’effet de l’évolution de la société française. Face à l’exode rural débuté dans la seconde partie du XIXe siècle, de nombreuses petites unités communales ont connu un déclin démographique majeur. Certaines de ces municipalités, localisées à l’écart, ont perdu l’intégralité de leur population, établissant une rupture entre les deux composantes d’une commune que sont un territoire et une population. Cet article propose de s’intéresser au cas bien particulier des communes abandonnées du département des Alpes-de-Haute-Provence. Pour cela une entrée par les fusions de communes abandonnées est proposée afin de reconstituer les vagues de fusion d’unités communales devenues obsolètes. Au-delà de la fusion, l’article mettra en évidence les dynamiques et trajectoires post-fusion qui ont pu affecter ces anciennes communes, laissant apparaître des décalages entre les communes absorbées et absorbantes. Ces dernières peuvent aujourd’hui être confrontées à des formes de réappropriation de ces territoires longtemps délaissés, illustrant une réversibilité de l’abandon. Cela questionne alors la pertinence des fusions de communes et la manière dont les acteurs locaux composent avec ces situations.