La commémoration du 400e anniversaire de la « présence française en Ontario », en 2015, et les excuses offertes aux Franco-Ontariens par le gouvernement provincial, l’année suivante, pour le Règlement 17 (qui avait sévèrement limité l’usage du français dans les écoles de la province entre 1912 et 1927) ont généré une activité discursive considérable dans l’espace public franco-ontarien. Cette activité a donné lieu à des « conflits narratifs » qui révèlent une compréhension différenciée de l’expérience collective des Franco-Ontariens, en même temps qu’ils traduisent des rapports parfois distincts au temps historique. L’analyse de ces conflits à la lumière de la rivalité entre le « pôle » commémoratif de la « construction nationale » et celui du « postcolonialisme » permet de jeter un regard inédit sur les tensions et les débats qui structurent les rapports qu’entretiennent les Franco-Ontariens non seulement avec eux-mêmes, mais aussi avec l’« autre » (majorité anglophone, minorités ethnoculturelles francophones et peuples autochtones).