The sound of silence : 4'33'' « Le silence est une espèce de vacarme assourdissant 1 . » Un soir de pluie d'été, le 29 août 1952 au Maverick Concert Hall de Woodstock, David Tudor entre en scène, s'assoit devant son piano et ferme le couvercle du clavier. Trente secondes plus tard, le pianiste ouvre le couvercle : fin du premier mouvement ; il le referme et l'ouvre après un peu plus de deux minutes : fin du deuxième mouvement ; de nouveau il ferme le couvercle, une minute et quarante secondes s'écoulent avant qu'il ne l'ouvre une dernière fois : fin du troisième mouvement. David Tudor se lève et salue : fin de la pièce du compositeur John Cage intitulée 4'33''. L'oeuvre est interprétée et pourtant aucun son n'est sorti du piano. Le public est déconcerté. Pendant un peu plus de quatre minutes, la foule n'a « entendu » que du silence… du moins un silence musical. Ce n'est pas tant le silence que John Cage voulait expérimenter auprès de son public, que d'être attentif aux perceptions sonoreschuchotements, rires, râles ; des bruits du corps à la pluie battante sur le toitque seul le silence peut permettre (Cage, 1970). Par sa Silent piece, John Cage veut partager à son public l'expérience qu'il a lui-même vécu au sein de la chambre anéchoïque, « insonorisée », « sourde », de l'Université d'Harvard. En entrant dans la chambre, Cage n'entend pas le silence auquel il s'attendait, mais deux bruits : un aigu et un grave. Cage est confus ; l'ingénieur responsable de la salle lui explique : le son aigu est celui de l'activité de son système nerveux alors que le son grave est celui de sa circulation sanguine. Le silence n'existe pas. « Même la mort échappe au silence 2 ». Outre le bruissement de l'environnement, les bruits du corps empêchent l'existence du silence. Voici la leçon de John Cage.Seul le ventre maternel serait le lieu totalement silencieux dans lequel tout humain aurait vécu. Longtemps a-t-on pu le croire. Dès 1953, A. Tomatis (1963, 1972 découvre qu'au