C’est en tant que « théorie pour l’action » que l’on se propose de présenter ici l’œuvre de Silvia Federici en s’intéressant notamment à la manière singulière dont elle l’a transmise, de multiples façons. On reviendra tout d’abord sur la naissance du mouvement international du « salaire au travail ménager » dans lequel s’est élaborée son approche féministe et sur les mobilisations du collectif new yorkais dans lequel elle l’a mise en pratique. On s’intéressera ensuite au prolongement paradoxal de cette conception subversive du salaire contre le capitalisme, la revendication du « Wages for » étant mobilisée aujourd’hui par de nombreux mouvements de « sans salaire », quand Silvia Federici propose une « politique des communs » pour se réapproprier le travail reproductif. En mettant la focale, à partir du travail reproductif, sur cette guerre capitaliste contre les femmes et ses modalités de résistance, c’est à une lecture matérialiste et collective du corps qu’elle nous invite également, parfois au-delà de ses propres positions.