Introduction : Dans un contexte marqué par les expériences innovantes issues des luttes anti-asilaires des années 1970, un Service Appartements, faisant partie du secteur depuis des décennies pour faciliter l’intégration sociale, se focalise actuellement sur la promotion des capacités à vivre en appartement de façon indépendante. La notion de « rétablissement » est mobilisée dans la prise en charge des patients les plus autonomes : n’ayant pas vécu d’hospitalisations au long cours, ceux-ci sont considérés comme capables de respecter un contrat d’assistance. L’article examine la prise en charge psychiatrique dans le cadre d’un accompagnement en appartement. Méthode : Nous avons mobilisé les outils de la sociologie des régimes d’engagement dans l’étude d’un cas suivi par une approche ethnographique. Son but est d’analyser la portée du défaut d’adhésion thérapeutique dans la prise en charge, et le rôle que l’appartement joue dans la traduction de ce défaut, en termes de déficit de capacités. Résultats : Dans le cas observé, le refus de la personne assistée a déclenché une évaluation et une série d’épreuves prévues par le travail de soutien aux capacités, lesquelles déterminent la réorientation de l’accompagnement en appartement vers une structure médicalisée. Conclusion : L’analyse de l’organisation des soins, à partir d’un objectif médical, met en lumière un « gouvernement par l’objectif » qui conduit le Service Appartements à abandonner le travail d’intégration sociale. Des alternatives à cette rupture, comportant le maintien de l’appartement, sont explorées.