RĂ©sumĂ© Le changement Ă long terme des relations entre les variations temporelles de la mortalitĂ© et celles des tempĂ©ratures offre une excellente occasion dâapprofondir notre connaissance des consĂ©quences du changement climatique global pour la santĂ© publique. La connaissance de ces changements a en mĂȘme temps une trĂšs grande importance pour les historiens parce quâelle fournit des informations pertinentes sur lâĂ©volution du degrĂ© de vulnĂ©rabilitĂ© de la population face aux chocs externes tels que les vagues de chaleur ou de froid. Pour analyser cette association, nous avons utilisĂ© plus de 1,8 million de certificats de dĂ©cĂšs provenant de quatre des onze provinces nĂ©erlandaises et des donnĂ©es sur les tempĂ©ratures moyennes quotidiennes de trois stations mĂ©tĂ©orologiques pour la pĂ©riode 1855-1950. Le nombre quotidien des dĂ©cĂšs a Ă©tĂ© modĂ©lisĂ© Ă lâaide dâun modĂšle de rĂ©gression binomiale nĂ©gative avec des dĂ©calages du jour 1 jusquâau jour 30. Le modĂšle nous permet dâestimer simultanĂ©ment les effets de pĂ©riodes de froid et de chaleur, car les tempĂ©ratures sont mesurĂ©es comme des dĂ©viations dâune tempĂ©rature optimale pour laquelle la mortalitĂ© atteint son plus bas niveau. Nous avons adoptĂ© successivement deux approches pour analyser les relations entre la chaleur et le froid intenses et la mortalitĂ©Â : une premiĂšre approche consiste Ă sâintĂ©resser Ă des annĂ©es caractĂ©risĂ©es par des vagues de chaleur ou froid ; une seconde approche consiste Ă analyser lâassociation entre les tempĂ©ratures et la mortalitĂ© pour tous les Ă©tĂ©s et hivers. Notre premier objectif Ă©tait de dĂ©couvrir si les effets des fluctuations de tempĂ©rature varient par province, Ăąge, sexe et classe sociale, et de voir si, Ă long terme, les changements des conditions de vie (quâil sâagisse du travail, du logement [densitĂ©, chauffage], de lâalimentation, des transport, des vĂȘtements, etc.) ont diminuĂ© la vulnĂ©rabilitĂ© des divers groupes. Notre analyse a dĂ©montrĂ© quâentre 1855 et 1950 la mortalitĂ© totale a connu un accroissement immĂ©diat lorsque la tempĂ©rature grimpait au dessus de la tempĂ©rature optimale. Cet effet Ă©tait presque le mĂȘme dans toutes les rĂ©gions. On a observĂ© en particulier des Ă©lĂ©vations de la mortalitĂ© 1-2 jours aprĂšs le dĂ©but de la hausse de la tempĂ©rature et des effets trĂšs forts 7-14 et 15-30 jours aprĂšs. Chez les enfants, autant les effets immĂ©diats que les effets retardĂ©s Ă©taient les plus forts. Les ouvriers non qualifiĂ©s ont subi plus que dâautres groupes les effets immĂ©diats et retardĂ©s de la chaleur. Au cours de la pĂ©riode, on observe une diminution des effets immĂ©diats et retardĂ©s de la chaleur, en particulier dĂšs les annĂ©es 1900 et 1930. Câest particuliĂšrement la vulnĂ©rabilitĂ© des enfants et des ouvriers non qualifiĂ©s par rapport Ă la chaleur qui sâest affaiblie aprĂšs 1930.