> La dépression majeure (DM) est un des troubles neuropsychiatriques les plus fréquents. Bien que la physiopathologie de la DM soit loin d'être pleinement identifiée, comme l'atteste d'ailleurs le fait que les premiers antidépresseurs aient été découverts de manière fortuite, le développement de différentes classes d'antidépresseurs ciblant les systèmes monoaminergiques 1 centraux a donné lieu à l'émergence de théo-ries basées sur une déficience de ces systèmes. Cependant, malgré le grand nombre d'antidépresseurs disponibles, le traitement de la DM reste insatisfaisant, suggérant l'importance de considérer d'autres facteurs. Plusieurs données révèlent qu'un fonctionnement anormal des cellules gliales, particuliè-rement des astrocytes, peut contribuer à la physiopathologie de la DM [1]. En effet, des anormalités structurelles et fonctionnelles des cellules gliales ont été identifiées post-mortem dans le cerveau de patients déprimés et chez des modèles murins de la dépression. Il a également été montré qu'une perte d'astrocytes, après infusion locale d'une toxine spécifique dans le cortex pré-frontal, est suffisante pour induire des comportements de type dépressif [2]. Étant donné les relations étroites entre astrocytes et neurones, une hypothèse suggérant que les effets des antidépres-seurs peuvent être, au moins partiellement, sous-tendus par une modulation directe des réseaux neuronaux par les 1 Famille de neurotransmetteurs dérivés d'acide aminés, comprenant notamment la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine.astrocytes éveille la curiosité des chercheurs. Tout d'abord, un nombre croissant de données expérimentales montre que les antidépresseurs induisent des changements fonctionnels au niveau des astrocytes [3]. Ensuite, il est désormais bien admis que le réseau astrocytaire est capable de réguler la signalisation neuronale et la transmission synaptique grâce à la libération de gliotransmetteurs au niveau de la synapse tripartite 2 [4-6] (➜). Les astrocytes peuvent être directement modulés par les traitements antidépresseurs ou indirectement activés par l'augmentation de la concentration de neurotransmetteurs dans la fente synaptique induite par de tels traitements. Cela aboutit alors à l'activation des récep-teurs exprimés à la surface de la membrane plasmique des astrocytes (tels que les récepteurs sérotoninergiques), provoquant ainsi une augmentation locale des concentrations intracellulaires de Ca 2+ ainsi que de la transmission intra-gliale d'un signal d'activation sous forme de vagues calciques passant d'astrocyte en astrocyte. Une fois activés, les astrocytes influencent en retour l'excitabilité neuronale et la transmission synaptique en libérant des 2 La synapse a originellement été décrite comme constituée de deux éléments : la terminaison présynaptique libérant les neurotransmetteurs et l'élément post-synaptique présentant des récepteurs. Il est désormais considéré que les astrocytes participent également à la synapse (donc tripartite), pouvant capter les substances présentes dans la fente syna...