Dans cet essai, j’aimerais reprendre à mon compte les questions que se posent les éditeurs de ce numéro spécial sur la voix en les projetant dans un contexte particulier : le complexe rituel d’incorporation des esprits à Zanzibar, appelé uganga . J’aimerais m’arrêter ici sur la manière dont les gens s’approprient des esprits qui, dans un premier temps, leur sont étrangers, et apprennent ensuite à vivre avec eux sur le long terme, malgré les dissonances. Les humains deviennent alors les véhicules de voix qui se font l’écho les unes des autres. Mais plus que cela, la cohabitation quotidienne avec ces esprits, ces voix, devient un art de vivre. La question importante que pose la circulation des esprits parmi les humains est alors celle du rapport entre les voix des individus et celle de la communauté.