Résumé La répression des abus de l’autorité paternelle s’est-elle élaborée dans le cadre de la légalité coutumière de l’ancien régime pénal ? Dans la seconde moitié du xviii e siècle, la nouvelle sensibilité familiale valorise l’enfance dans la « cellule matrimoniale » en voie de privatisation. Les discours littéraires et politiques dénoncent les excès de la sévérité paternelle. Or, vers 1760, la politique criminelle du parlement de Paris stigmatise les pères et mères « dénaturés ». Quoique statistiquement rares, les « abus » de l’autorité paternelle sont sévèrement réprimés. L’individualisation juridique des enfants de famille préexiste-t-elle aux lois pénales et civiles qui annoncent la « crise de la correction paternelle », vers 1870 ? Centré sur la répression des violences entre parents et enfants d’après les archives judiciaires de la capitale (Parlement et Châtelet de Paris, registres d’écrous de la Conciergerie), cet article développe l’hypothèse de l’interaction entre les modèles familiaux d’autorité et les règles, théoriques et pratiques, de la qualification pénale des crimes familiaux.