Moustiques. Un mot générique bien pratique pour simplifier une grande diversité biologique, écologique, sanitaire, sociale, économique et historique. Les moustiques, Culicidae de leur nom scientifique, regroupent les 3 600 espèces décrites sur terre, plus toutes celles non encore décrites. Si la nature a horreur du vide, les moustiques aussi. On les trouve sur tous les continents, dans tous les écosystèmes, et ce, depuis bien plus longtemps que les humains.Mais, lecteur humain, tu n'en as pas conscience. Seul te préoccupe le moustique qui empêche de dormir, de profiter de la soirée en plein air et, selon le lieu où tu vis, le moustique responsable de maladies dans ta famille ou chez tes animaux domestiques.Émergence. Ce mot est devenu à la mode ces dernières années. Les humains ont pris conscience que des maladies pouvaient émerger. Charles Nicolle dans Destin des maladies infectieuses écrivait déjà en 1933 : « il y aura des maladies [infectieuses] nouvelles. C'est un fait fatal ». Certaines de ces maladies, qui émergent de foyers sauvages, à l'issue de changements environnementaux, climatiques, démographiques, sociétaux, culturels, sanitaires, économiques, etc. sont à transmission vectorielle, et parfois les moustiques en sont les responsables en inoculant virus et parasites. 9 Préface 9 est nécessaire. Des modèles bâtis sur des données biologiques mal documentées, non seulement sont sans intérêt, mais peuvent donner de faux espoirs à ceux qui les utiliseront. Inversement, un travail d'échantillonnage de terrain rigoureux restera mal exploité sans une bonne modélisation spatiale.Chaque communauté scientifique a ses concepts et son langage. Se tromper de symposium spécialisé peut devenir un calvaire si on n'en maîtrise pas les codes. Lâchez un entomologiste dans un congrès sur la télédétection, ou un géomaticien au meeting annuel de la Société d'écologie des vecteurs, il n'est pas certain que les mots ou acronymes comme réflectance, fauchée, exophile, sternite, univoltin, mode raster, diapause, signature spectrale, gonotrophique, MODIS, NDVI et autre NDWI, soient perçus comme ils le méritent. Seul le mot vecteur sera peut-être compris par tous, mais avec deux sens bien différents : biologique et géomatique. Le mérite de ce livre écrit par des spécialistes ayant pu se confronter, voire appartenant, aux deux communautés est de rendre accessibles ces concepts à l'aide d'exemples concrets bien documentés. Merci et félicitations aux auteurs. Cet ouvrage sera une référence très utile pour tous ceux qui, conscients de la nécessité d'une approche globale, spatiale et environnementale, pour étudier les moustiques (et au-delà les autres vecteurs) et documenter leur biologie, leurs distributions, leurs impacts et leur contrôle, sont à la recherche d'exemples pour comprendre et utiliser la télédétection et la modélisation spatiale.Ce livre est un pont entre les communautés invitant les entomologistes à « prendre de la hauteur », et les télédétecteurs et géomaticiens à découvrir le monde fascinant des moustiques.