Gaston Gross LLI, UMR 7546 Université Paris 13/CNRS
Pour un Bescherelle des prédicats nominaux
Phrases à prédicats nominauxLes verbes supports ont fait l'objet depuis près de trente ans de suffisamment d'études pour qu'on soit tenté maintenant de présenter du phénomène une vue d'ensemble. Tous ces travaux reposent sur des positions théoriques communes. Tout d'abord les catégories grammaticales -la notion elle-même n'est évidemment pas en cause -représentent des ensembles hétérogènes. Par exemple, celle des verbes, caractérisée sur la plan morphologique par des propriétés communes fortes comme les marques de flexion, recouvre en fait des réalités syntaxiques diverses : prédicats, éléments de suites figées, causatifs, auxiliaires, supports. Il en est de même de celle des substantifs qui comprend des arguments primaires (les substantifs concrets) ou des prédicats (voyage, rêve, accident), ou encore des déterminants (une foule de), des parties constituantes d'adverbiaux (de plain pied), etc. La morphologie ne permet donc pas à elle seule de rendre compte du rôle des mots dans la phrase. Un logiciel qui catégoriserait de façon adéquate toutes les unités lexicales d'un texte ne serait pas en mesure d'en faire l'analyse, car toutes les catégories sont des amalgames syntaxiques.D'autre part, la plupart des mots d'une langue sont polysémiques, prédicats compris. Il est par conséquent impossible de déterminer le sens d'un lexème isolé. Se poser la question « du » sens du verbe mener n'a guère de pertinence linguistique : une réponse à cette question sélectionnerait le sens le plus fréquent ou le plus disponible, ce qui nierait la polysémie. Pas de reconnaissance du sens sans recours à l'environnement. C'est dire que la syntaxe fait partie de la définition sémantique des mots. Mais comment spécifier cet environnement ? Il ne peut pas être défini mécaniquement en prenant en compte un nombre défini de mots à gauche ou à droite, car la bonne information ne s'y trouve pas nécessairement ou est noyée dans des constructions exogènes. Il faut que les informations contextuelles rendent compte des liens entre les mots et impliquent une intégration du lexique, de la syntaxe et de la sémantique. L'environnement pertinent d'un mot, c'est la phrase simple où il figure. Tous les autres sont non-appropriés ou insuffisants.La troisième option théorique définit la phrase simple comme la combinaison d'un prédicat et de la suite la plus longue de ses arguments. Cet ensemble est appelé schéma d'arguments et constitue en fait les entrées du dictionnaire. Un prédicat polysémique aura autant de significations qu'il aura de schémas d'arguments différents. Un de ceux du verbe descendre est de la forme suivante : descendre/N0 :/N1 : de . Cette signification vaut pour tous les substantifs appartenant à chacune des deux classes dans leur position argumentale respective. Si ces classes sont décrites en extension (en particulier