Cet article s’inscrit dans une double perspective, à cheval entre épistémologie et empirisme : j’y propose en parallèle une présentation de mes recherches et une réflexion sur leur place au sein de l’analyse du discours, en diachronie (je montre comment mon travail se situe par rapport à l’héritage des générations précédentes d’analystes du discours) et en synchronie (je réfléchis à la place de mes recherches par rapport aux différents courants qui se partagent le champ de l’AD contemporaine). Dans un premier temps, je me penche sur la façon dont mes recherches s’inscrivent dans le champ de l’AD, entre appropriation d’un héritage (au travers de la façon de concevoir l’objet de recherche, par le biais du cadre théorique, dans la préoccupation épistémologique) et innovation (notamment grâce au recours à un corpus inédit – les nécrologies de presse –, à la passerelle que je dresse entre linguistique et anthropologie, renouvelant la transdisciplinarité chère à l’AD, et à l’analyse de formes discursives nouvelles telles que la polysémioticité ou le texte tabulaire). Dans une seconde partie, je précise mon positionnement au sein du champ de l’analyse du discours : je revendique une conception étendue et radicale de l’énonciation, que je défends au travers de l’analyse de quelques exemples, qui me permettent de montrer que l’énonciation, loin d’être une composante de la textualité parmi d’autres, peut être envisagée comme une porte d’accès privilégiée au discours, dans la mesure où elle fonctionne en synergie avec l’ensemble des composantes du discours. Je montre enfin au travers du prisme de ma recherche en quoi l’AD contemporaine est susceptible de faire fructifier l’héritage de l’AD en revisitant le paradigme énonciatif, notamment en ce qui concerne le dialogisme, l’interpellation, et la textualité tabulaire.