Dans un mémoire envoyé en 1778 à l’Académie de Caen, le botaniste languedocien Pierre-Joseph Amoreux projette la mise en place de pépinières de tamaris pour valoriser économiquement les terres littorales mouvantes du royaume de France. Son utopie botanique invite à considérer, par-delà la césure entre nature et culture, l’historicité de cet arbrisseau des incultes saumâtres. Bien qu’il semble constituer un élément immuable des décors lagunaires du bas Languedoc et bien que situé hors des champs, le tamaris est mis en ressource durant l’époque préindustrielle : employé comme combustible, comme fourrage ou comme matériau, il fait l’objet de différentes pratiques de ménagement en vue de sa conservation. De leur côté, les ingénieurs du siècle des Lumières considèrent de plus en plus ce végétal, adjuvant traditionnel de micro-aménagements littoraux, comme un outil d’ aménagement . S’inspirant de savoirs empiriques, ils l’intègrent progressivement à leur art. Au total, le mariage de l’histoire environnementale et de l’histoire rurale permet de considérer cet arbrisseau comme un être hybride.