Face à l'oralité et à la théâtralité des procès, le rôle de l'écriture dans le traitement judiciaire des atrocités massives n'a reçu que peu d'attention dans la littérature sur la justice transitionnelle, ou a été relégué à celui de source d'information. Le présent article souligne le rôle de l'écriture juridique dans la quête de justice dans des affaires de crimes contre l'humanité au fil du temps. En examinant la performativité des écrits juridiques, cet article reconstitue les chaînes d'écriture juridique relatives aux actions en justice engagées dans un cas de disparition forcée pendant et après le régime dictatorial qui l’a perpétrée. Il montre que l’écriture juridique assure une pérennité et anticipe l'action judiciaire, en la préparant aux futures citations et reprises, en articulant le passé, le présent et l'avenir et en constituant un réseau d'archives juridiques qui prennent place dans l'exercice de la justice.