Alors que plusieurs États américains ont fait le choix d’assouplir la législation entourant l’usage récréatif du cannabis et qu’au Canada, cette substance est encadrée par un programme fédéral pour son utilisation thérapeutique, le débat sur l’utilisation du cannabis et ses effets néfastes continue de faire couler beaucoup d’encre. S’éloignant souvent des données probantes, ce débat est généralement marqué par des positions clivées qui ne rendent pas compte des nuances récemment apportées par les données scientifiques sur le sujet. Afin de pouvoir bien évaluer les risques que pose cette substance, nous suggérons ici de délaisser le questionnement dichotomique quant au fait que le cannabis cause, ou pas, certains problèmes de santé au profit d’une discussion sur les facteurs modulant la relation entre le cannabis et certains effets délétères potentiels, notamment sur le plan de la cognition, de la psychose et de la toxicomanie. Nous discutons ainsi de certaines données sur la composition du cannabis, son mode d’utilisation, le type de population en faisant usage et la présence de stresseurs environnementaux, qui semblent tous moduler les risques associés à la consommation de cannabis. Devant les données indiquant que le cannabis est une substance psychoactive possédant à la fois des effets délétères et bénéfiques, et au regard du fait qu’une minorité d’individus éprouveront des difficultés après en avoir consommé, il nous semble crucial de faire bon usage et d’approfondir la littérature scientifique portant sur ces facteurs modulateurs. Nous pensons que cela pourrait permettre de mieux informer la population et prendre des décisions plus éclairées, notamment quant aux modalités entourant un éventuel changement au statut légal du cannabis.