La compréhension des moteurs de la fragmentation paysagère est indispensable pour réduire l’impact de l’anthropisation des habitats et mieux préserver la biodiversité. Cependant, l’écologie du paysage seule ne permet pas de cerner l’influence des changements agraires sur la dynamique paysagère. Cette étude adopte donc une approche systémique qui intègre l’écologie du paysage et la sociologie pour analyser l’impact du régime foncier agraire sur la dynamique paysagère autour des aires protégées. Une analyse multichronique au moyen d’images Landsat et des entretiens individuels ont été effectués. Cinq classes d’occupation des terres, sept indices paysagers et trois indices agro-démographiques ont permis d’interpréter la dynamique paysagère en lien avec les changements agraires. Un nouvel indice a été introduit pour quantifier le processus de disparition de la jachère. En comparant deux villages à régime foncier contrasté avec une évolution démographique similaire, les résultats montrent que la location des terres agricoles contribue à la fragmentation des habitats et est à l’origine de la disparition de 37,97 % des terres en jachère. Cette dynamique rend permanente l’insécurité foncière et constitue un obstacle à l’adoption des pratiques agricoles durables. La prise en compte de la disparité foncière entre les producteurs permettrait de réduire la fragmentation paysagère.