Résumé Capitale économique de l’Inde, Mumbai voit sa compétitivité s’amoindrir, alors que des problèmes considérables de logement, de transport, d’eau restent irrésolus. Face à ces enjeux, se dessine une réflexion sur le rôle des infrastructures urbaines comme instrument d’un renouveau économique et d’une amélioration des conditions de vie. Mais, dans un contexte de fragmentation politique et de contestation de la société civile, quelle peut être la capacité de la gouvernance métropolitaine à répondre aux besoins matériels des différentes classes sociales et à réformer son modèle, inopérant, d’administration directe ? Ce texte met en évidence la rémanence de deux modalités d’accès à la ville. La première logique relève d’un processus d’institutionnalisation continuel du pouvoir urbain à travers la création d’organisations qui aménagent l’espace et produisent des services pour une partie privilégiée des habitants, tandis que pour les autres, les exclus, l’accès et le droit à la ville sont constamment négociés via des processus informels, trop rapidement qualifiés de clientélisme. La seconde démontre que la transformation de l’action publique produit des effets importants sur la restructuration urbaine et les relations de pouvoir en ville : certains groupes organisés – tels les promoteurs immobiliers et une partie des classes moyennes supérieures – s’imposent comme des acteurs influents et légitimes dans les processus de décision, dans un contexte où les autorités publiques ont une grande difficulté à produire de l’intérêt général et à réguler les partenariats public-privé.