Les débats sur la création télévisuelle concernent aujourd'hui principalement les oeuvres dramatiques, de fiction ou les documentaires. Il suffit pour s'en convaincre de participer à des festivals consacrés à cette question comme le Festival International de la Production Audiovisuelle ou le Festival de Luchon 1. En sont de fait exclues les émissions de divertissement et les jeux, autrement dit des programmes qui ne sont pas considérés par ailleurs comme « des oeuvres audiovisuelles ». Or, les définitions de l'oeuvre audiovisuelle par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et le Centre National de la Cinématographie, originellement créées pour protéger les programmes culturels, non seulement s'appuient sur des critères discutables (Leveneur, 2009 : 95-112), mais surtout conduisent les professionnels de l'audiovisuel et les hommes politiques à confondre la valeur culturelle des programmes avec leur caractère innovant. Or, tous les programmes concernés par ces définitions en creux ne sont pas créatifs et nombre de jeux télévisés présentent une réelle valeur culturelle (Leveneur, 2009). Certains chercheurs interrogent donc aujourd'hui les limites de ces définitions, qui produisent des amalgames entre les notions d'oeuvre, de création, et de culture. La création désigne à la fois « l'action de faire, d'organiser (ce qui n'existait pas encore) », de « donner l'existence » (Rey, 2006 : 1974), mais aussi, dans une acception plus spécifique, « d'inventer, d'innover, de donner naissance » (Rey, 2006 : 1974). Pourquoi dès lors les jeux télévisés sont aujourd'hui bannis des débats sur la création télévisuelle ? Leur exclusion de certaines définitions de l'oeuvre audiovisuelle, en soit discutable, suffit-elle à expliquer cet état de fait ? Ou bien ce genre est-il réellement hermétique à la création, à l'innovation, ne produisant que des formats fondés sur l'itération, la répétition, l'imitation, voire le plagiat ?