Dans une perspective d’anthropologie urbaine, cet article décrit la construction historique du front de mer à Durban depuis le milieu du XIXe siècle, ainsi que les usages et la sociabilité aujourd’hui spécifiques à cet espace, en inscrivant cette analyse dans la longue durée. La promenade et la plage sont vécues comme des extensions de la vie sociale urbaine, dont les pratiques s’inscrivent entre des moments de relative indifférenciation sociale et raciale dans la coprésence, et des moments d’appropriation des lieux par un groupe, à travers un événement particulier, qui suscitent alors des formes d’ajustement de la part des autres usagers. Cette cohabitation dans l’espace et dans le temps, dont certains termes sont fixes car inscrits dans des temporalités collectives et saisonnières, se définit par une certaine fluidité des interactions entre individus et groupes, marquées néanmoins par l’histoire de la ville. L’analyse de cet espace historique permet de saisir l’ampleur des transformations sociales de Durban, et la redéfinition de la place de chacun dans la ville, et en tant qu’habitant.