Introduction : La crise sanitaire que nous traversons est une occasion de mettre en lumière l’étendue des bienfaits sur la santé que procure le contact avec la nature. Dans ce contexte, néanmoins, les études négligent encore très souvent l’impact du type de milieu naturel que les individus fréquentent, retenant pour l’occasion une catégorie très générale d’« espaces verts ». But de l’étude : À travers deux enquêtes quantitatives portant sur la fréquentation des forêts et des plages océanes en Aquitaine, nous analysons, à l’aide d’outils empruntés aux sciences sociales, la façon dont chacun des deux espaces a répondu à des demandes spécifiques durant la première année de l’épidémie de COVID-19. Résultats : Nous montrons que les espaces se distinguent du point de vue des publics qui les fréquentent, des usages qu’ils permettent, mais aussi des attentes et des perceptions dont ils sont l’objet en matière de risques de contamination. Plus accessibles que d’autres formes de loisirs, les activités de plein air n’en demeurent pas moins un cas d’inégalité environnementale. Chez nos enquêtés, la forêt bénéficie d’une image plus positive que le littoral en termes de bien-être et de bénéfices pour la santé, y compris au niveau des risques de contamination par le SARS-CoV-2. Ces résultats renforcent l’idée qu’il existe effectivement des spécificités à la « santé verte » ( Green Health ), d’un côté, et à la « santé bleue » ( Blue Health ), de l’autre. Savoir d’où proviennent ces différences de représentations demeure une question ouverte, en émettant toutefois l’hypothèse que les croyances sont, au moins en partie, héritées de références constituées antérieurement à la pandémie, notamment sur la nature et le poids des fonctions environnementales. Conclusions : Les rapports que les individus entretiennent avec la nature résultent d’entrelacs complexes de facteurs environnementaux et sociaux. Ces relations influent sur les bénéfices qu’ils retirent de la fréquentation des espaces naturels. Dans ces conditions, les travaux de santé publique pourraient tirer profit des acquis obtenus depuis maintenant plusieurs décennies par les recherches en sciences sociales sur les activités de plein air.