> Le système des vibrisses des rongeurs est devenu un des modèles principaux pour l'étude des propriétés fonctionnelles des neurones sensoriels. Ceci est dû, d'une part, à la structure très bien connue des voies afférentes qui relient les mécanorécepteurs à la base des vibrisses au cortex somatosensoriel primaire et, d'autre part, à l'accessibilité des senseurs tactiles permettant de contrôler l'entrée sensorielle à l'échelle du micron et de la milliseconde. L'observation de l'utilisation des vibrisses par le rongeur indique que les contacts avec des objets et des textures se font avec des dizaines de vibrisses simultanément. Nous avons exploré le codage neuronal dans le cortex à tonneaux, le cortex qui reçoit les informations depuis les vibrisses. En combinant enregistrements multiélectrodes et stimulation tactile multivibrissales avec une analyse théorique, nous avons mis en évidence que plusieurs types de réponses neuronales, semblables à celles décrites dans des aires différentes du système visuel, coexistent dans le même volume cortical. Ceci indique que des schémas de codage variés peuvent être implémentés dans le même réseau cortical et seraient mis en jeu pour analyser au mieux les stimulations tactiles diverses et changeantes auxquelles sont confrontés les rongeurs dans leur environnement naturel. < peut conduire à une perception défor-mée, très différente d'un reflet immé-diat et homothétique de la réalité. L'étude des illusions sensorielles, à savoir les perceptions qui diffèrent de la réalité physique, particulièrement décrites dans le système visuel, nous renseigne sur les relations complexes entre réalité et perception. L'école de la Gestalt 1 , dans son entreprise d'explication phénoménologique de la perception, propose pour comprendre ces illusions un certain nombre de principes clés parmi lesquels la « réification », qui stipule qu'un percept contient une information spatiale plus riche que le stimulus sensoriel sur lequel ce percept est fondé. Cet enrichissement des percepts par rapport aux stimulus élémentaires qui atteignent nos sens est régi par une série de règles dites de « groupement perceptif ». Par exemple la règle de « continuité » prédit -de façon exacte -l'émergence d'un percept en mouvement continu à partir de la présentation successive d'un même stimulus élémentaire statique à différents endroits du champ visuel, suivant une trajectoire virtuelle définie ( Figure 1A). Même si, à chaque instant, l'image visuelle est statique, le sujet a une perception de mouvement continu de l'objet le long de cette trajectoire ou chemin d'association. Une autre règle classique de groupement perceptif est la règle de « clôture », qui est illustrée par l'illusion du Triangle de Kanizsa ( Figure 1B) : les contours illusoires d'un triangle accompagnés de la perception d'une surface triangulaire plus brillante que le fond sont clairement perçus même si ni ces contours, ni la surface du triangle, ne font partie explicitement de l'image.1 École de psychologie de la perception qui trouve son origine au déb...