Ce texte se veut un essai de retour réflexif sur un parcours : deux décennies d’enquêtes linguistiques de terrain sur des langues rares, au Yunnan (Chine), et d’engagement en faveur de l’ouverture des données de terrain. Le cadre temporel coïncide avec deux décennies de progrès spectaculaires de l’informatique, notamment du traitement automatique des langues. Au fil des réflexions, il ressort que l’adoption conséquente des principes de la science ouverte amène, non pas à se doter d’un ensemble de solutions qui permettent de s’éviter tout souci, mais à faire une place centrale aux questions éthiques et sociopolitiques soulevées par la constitution, la publication électronique et l’exploitation de ressources en langues rares. Ces thèmes appellent une réflexion collective constante, à laquelle soient associés des spécialistes du traitement automatique des langues.