La gouvernance de l’orpaillage artisanal se caractérise, dans la plupart des pays africains, par des pratiques informelles. Le Domaine de Chasse de Bili-Uéré (DCBU), l’aire protégée la plus vaste de la République démocratique du Congo (60 000 km2), est menacé par l’orpaillage artisanal dont la gouvernance mérite d’être questionnée. Cet article vise à démontrer comment les exigences locales de survie limitent l’application de la législation nationale dans la gouvernance de l’orpaillage dans ledit domaine. Pour y parvenir, la collecte des données a mobilisé une triple entrée d’instruments méthodologiques comprenant la documentation, le discours (entretiens individuels et de groupe) et l’observation directe. À l’issue de l’analyse des données, les résultats montrent que la gouvernance de l’orpaillage dans le DCBU se caractérise par une coexistence entre la règlementation nationale et les pratiques informelles. Cette coexistence est due aux nécessités socioéconomiques locales des parties prenantes, abandonnées par l’État dans ses fonctions régaliennes. Les acteurs impliqués dans la gouvernance de l’orpaillage ont ainsi développé des systèmes des relations autour des enjeux liés à cette activité. Ces résultats prouvent que la question de gouvernance de l’orpaillage dans le DCBU est complexe car les jeux des acteurs sont définis à tous les niveaux, notamment national, provincial et local. À chacun de ces niveaux, l’orpaillage repose sur une gouvernance de proximité très structurée, régie par la prédominance des règles informelles. Une réponse holistique de la part de l’État et des autres parties prenantes est donc nécessaire pour concilier les préoccupations socioéconomiques avec l’application de la règlementation minière et forestière.