Le Québec est une belle illustration des défis posés par la « transition énergétique » aux sociétés contemporaines. Car si la transition énergétique est en passe d’y devenir un leitmotiv consensuel, celle-ci pourrait être bien modeste. Comme laboratoire de la présente transition énergétique, l’énergie éolienne en incarne bien les contradictions puisque, alors même que la transition est au cœur de la plus récente politique énergétique du Québec, l’énergie éolienne connaît un brusque coup d’arrêt. Pour comprendre cette contradiction au moins apparente, il faut explorer les dimensions politiques de la transition énergétique : influencés par la trajectoire historique de l’économie politique canadienne, les instruments de politiques publiques structurant le parc éolien québécois ont initialement privilégié un déploiement « hard path » avant de faire place à des inflexions territoriales remarquables. Sous cette perspective, le programme éolien du Québec est un compromis à la fois politique, technologique et territorial qui, initialement peu original, a su se renouveler au contact des territoires pour s’ouvrir à de nouveaux enjeux, acteurs et territoires… avant de connaître une étrange victoire lorsque, en 2016, la politique énergétique globale du gouvernement laisse de côté la production éolienne.