Résumé
La surface forestière du Sud des Alpes suisses a plus que doublé en 120 ans, avec une accélération importante de cette croissance après la Seconde Guerre mondiale. En utilisant les données de l’Inventaire forestier national (IFN), l’article décrit la structure, la composition et l’évolution des forêts de cette région, en distinguant les forêts établies avant 1940, celles formées entre 1940 et 1985, ainsi que celles établies après 1985. En raison de difficultés structurelles et environnementales, la forêt a évolué de manière naturelle depuis plusieurs décennies sans véritable gestion régulière. Cette évolution conduit au vieillissement progressif des forêts de plus en plus denses et sombres, qui finit par favoriser les essences intermédiaires et surtout finales, en particulier le hêtre. Les espèces pionnières, en revanche, sont en fort déclin dans les forêts établies depuis longtemps et pour elles – le bouleau et le mélèze en particulier – les zones boisées de formation récente représentent un refuge important. En outre, les analyses mettent en évidence la rareté de la régénération, particulièrement importante pour garantir la stabilité des forêts à moyen et long terme, mais elles montrent aussi l’effet bénéfique des interventions sylvicoles sur l’abondance du rajeunissement. Les extrêmes climatiques, en particulier les sécheresses de plus en plus fréquentes, intensifient encore la concurrence entre les espèces. Dans ce cadre, le châtaignier – essence symbolique du Sud des Alpes – est en grande difficulté, surtout dans les stations fortement exposées au soleil et à la pénurie d’eau. Les résultats de l’IFN montrent effectivement une forte mortalité du châtaignier au cours des trois dernières décennies.