Si le mot « simulation » est au goût de notre époque, c'est sans doute du fait de la montée en puissance des technologies numériques qui imposent, via la multitude des écrans, une grande variété de représentations du monde. Cet article entend cependant montrer que la formation entretient des rapports multiples avec différentes facettes de la simulation. La simulation est initialement une manière d'être au monde qui est familière aux hommes et au monde vivant. L'action simulée est présente dès l'enfance dans le « faire comme si » qui permet l'apprentissage. Par la formation de l'esprit qu'elle entraîne, elle préfigure l'agir dans l'âge adulte. Comme elle est aussi illusion, elle permet de se protéger, voire de tromper un tiers, un « autrui ». Ainsi, on peut définir la simulation comme une attitude spontanée ou calculée qui facilite l'adaptation en situation dans un contexte donné. L'humain a su développer au fil du temps des techniques de formation qui s'appuient sur la simulation, que ce terme soit employé dans son sens anthropologique initial ou dans le sens plus moderne de dispositif indépendant destiné à générer un contexte (re)créé. Simuler pour former permet ainsi de contourner des problèmes de contexte grâce à la modélisation de situations spécifiques. De nos jours, les technologies numériques des « simulateurs » se développent et exploitent la capacité humaine à recréer mentalement des univers vraisemblables. Ces systèmes peuvent donc être intégrés à des dispositifs de formation plus larges qui interviennent avant, pendant et après l'action. De la formation de l'esprit à la formation des professionnels, la simulation apparaît donc comme un moyen puissant de transformation de l'être humain.