Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Collège Édouard-Montpetit, 1991 Le statut sémiotique de la perspective dans l'oeuvre picturale
ProblématiqueEn arts visuels, la sémiotique est née historiquement du discours verbal, elle s'est développée par rapport à la théorie linguistique comme une méthode qui voulait comprendre le fonctionnement de flmage fixe (peinture, photographie) ou en mouvement (cinéma, vidéo). Sur cette base, les sémioticiens de l'image ont choisi d'appliquer les systèmes de signes de la langue à la compréhension et à l'interprétation du réfèrent, ce qui suggérait et définissait d'entrée de jeu un contenu. En peinture figurative ou abstraite, notamment, cette question du réfèrent devenait ce que l'artiste et le regardeur étaient capables ou se permettaient de nommer. Le sens d'une image concernait ainsi a fortiori les choses reconnaissables, c'est-à-dire ressemblantes par «degrés d'iconicité», dans la foulée des thèses icono-sémiologiques de Barthes et Marin, ou des conceptions positivistes américaines depuis Peirce.Après Saussure, les développements de la linguistique verbale comme science des signes verbaux et non verbaux avaient pourtant permis d'envisager qu'une théorie du langage visuel était possible sur la base d'un véritable méta-langage qui rendrait compte de la dimensionnalité particulière de ce discours. De même, à l'instar de Peirce, 13 plusieurs analystes de l'image peinte l'avaient caractérisée d'hypoicône en raison de sa «saveur propre, immédiate» qui dépasserait les systèmes de catégories habituels (icône/indice/symbole) développés pour en rendre compte 1 . Mais ces expériences de l'espace se sont montrées, à l'usage, exclusivement préoccupées de décrire les paramètres de la notion d'objet autonome, liée intrinsèquement à la pensée conceptuelle et formelle (vs spatiale). Simples prolongements de l'iconologie, ces discours sémiotiques n'ont pas été capables de décrire la structure du champ spatial au-delà de ce qui est perçu et reconnu comme des unités (entités) iconographiques. On aura préféré la déno-tation imagière à l'en deçà de la figure. C'est dire que la raison semiotique elle-même s'est plus ou moins empêtrée dans ce leurre, qu'elle est arrivée avec peine à s'en soustraire, l'approche privilégiée par la discipline ayant été caractérisée par le souci de décrire la forme per se de l'objet observé, en l'occurrence des éléments de langage iconique.Quand l'historien d'art Meyer Schapiro s'est intéressé en 1969 au champ de l'image iconique 2 , c'est-à-dire aux véhicules-signes non mimétiques de la surface peinte : cadre, contours des formes, frontières des plans, périphé-ries, contrastes, il aura été l'un des premiers théoriciens à concevoir que les fondements de la semiotique visuelle pouvaient reposer sur autre...