Les enjeux éthiques de la recherche dans le domaine de la santé sont bien documentés. Les enjeux éthiques de la recherche en ergothérapie commencent, pour leur part, à susciter de l’intérêt de la part des chercheurs. Cela dit, aucune recherche n’a documenté les enjeux éthiques vécus par les ergothérapeutes qui font de la recherche en contexte académique au Québec. C’est ce que révèle la recension des écrits à l’origine de la présente recherche qualitative dont les résultats sont ici présentés. Cet article présente aussi les résultats d’une recherche qualitative menée auprès de onze femmes ergothérapeutes-chercheuses du Québec. Un devis qualitatif d’inspiration phénoménologique a été utilisé. Des entretiens semi-dirigés ont été menés pour discuter des enjeux éthiques vécus en recherche dans le domaine de l’ergothérapie. Trois unités de sens émergent des données narratives, à savoir que les enjeux éthiques sont liés : 1) à l’environnement de la recherche; 2) aux personnes et à leurs interactions; ou 3) à l’occupation qu’est la recherche. Globalement, les résultats de l’étude et ceux recensés dans les écrits s’entendent sur le fait que les chercheurs en santé, dont ceux en ergothérapie, évoluent dans un contexte peu favorable aux découvertes scientifiques et à la conduite responsable en recherche. Les enjeux éthiques de la recherche sont principalement de nature systémique, ce qui contribue à la mise en place d’environnements de travail malsains qui en plus de nuire aux relations interpersonnelles, nuisent à la santé et au bien-être au travail des chercheurs et impactent négativement la vie personnelle et familiale des chercheurs. Quatre résultats inédits émergent de l’étude, soit : 1) le monde académique valorise l’individualisme; 2) des ergothérapeutes font preuve de rébellion à l’endroit de comités d’éthique de la recherche; 3) les milieux cliniques et académiques sont trop déconnectés; et 4) les devis quantitatifs peuvent contribuer à l’exclusion de populations vulnérables.