Résumé
A l'heure où le nombre de travailleurs informels augmente dans le monde entier, l'évolution de la structure mondiale de l'emploi et des lieux de travail fait de l'activité professionnelle une source de danger et de problèmes de santé pour nombre de travailleurs pauvres. Or, les travailleurs informels n'ont pas accès à la sécurité sociale liée à l'emploi. Bien qu'exposés à des risques importants du fait de leur activité professionnelle, ils n'ont que peu, voire pas accès à une protection sociale efficace, qu'elle soit formelle ou informelle. Les dispositifs de sécurité sociale qui s’adressent aux citoyens, comme les transferts monétaires, n'accordent pas suffisamment d'attention aux besoins des adultes valides exerçant une activité professionnelle. De plus, les lieux de travail informels ne sont pas visés par la santé et la sécurité au travail (SST) dans sa conception traditionnelle, volet indispensable de la sécurité sociale fondée sur le travail. Il est notamment très difficile pour les travailleurs informels de bénéficier d'éventuelles actions de prévention, ces actions risquant d'entraîner, à court terme, une perte de revenu. Pour que la SST soit accessible au plus grand nombre, il faut réformer son organisation institutionnelle et, en particulier, impliquer les autorités locales et les organisations de travailleurs informels, qui mettent actuellement en place des réseaux sectoriels internationaux influents. A cet égard, le présent article décrit des exemples prometteurs de réformes de la SST négociées, bénéficiant à la majorité de la population. Au‐delà, le défi à relever consiste à élaborer une conception plus large de la SST, qui s’adresse spécifiquement aux travailleurs informels en qualité de «travailleurs» plutôt qu'en tant que «citoyens fragiles» ne pouvant prétendre qu'à des dispositifs de protection sociale destinés à lutter contre la pauvreté, et qui comporte officiellement des actions de prévention.