Les communautés végétales inféodées aux écosystèmes rivulaires présentent de grandes variabilités spatiale et morphologique en raison de leur position topographique entre terre et eau (Gurnel, 2014). Le long de la Loire moyenne (de Nevers à Angers), ces formations se déploient, au rythme de la dynamique fluviale et suivant un gradient de maturation allant de la grève sédimentaire nue à la forêt alluviale à bois durs (Grivel et Gautier, 2012). L'incision du fleuve, liée à l'extraction passée de sédiments dans le lit (Gasowski, 1994), a accéléré la dynamique forestière obligeant les services de l'état à contrôler la végétation ligneuse pour maintenir la capacité d'écoulement du fleuve en période de crue, afin de préserver les populations humaines riveraines. Parmi les éléments arborés, les îles et les ripisylves boisées par les salicacées et plus précisément le Peuplier noir (Populus nigra L.) constituent une part importante du paysage ligérien et sont soumises aux éléments de perturbation anthropique mentionnés précédemment. Ces saulaiespeupleraies relèvent de l'habitat générique 91E0 et des habitats élémentaires 91E0-1 et 91E0-3, prioritaires au titre de la directive Habitats 92/43/CEE [EUNIS: G1.11] (Bensettiti et al., 2001). Non menacé en Loire moyenne (Nature Centre et CBNBP, 2014), cet habitat mérite toutefois une attention particulière pour en conserver le bon état écologique. En effet, ces forêts et leurs flores associées sont sensibles aux activités humaines (Rodrigues et al., 2006), et à leurs conséquences, notamment la pollution des eaux et l'introduction d'espèces végétales exotiques (Dunford et al., 2009). Sur ce point, l'arrivée de l'Érable américain (Acer negundo L.) à la deuxième moitié du XVIII e siècle (Dumas, 2019) soulève des interrogations quant à la dynamique des groupements végétaux face au pouvoir couvrant de cette espèce. Enfin, ces forêts alluviales constituent l'habitat d'un consommateur et « gestionnaire » expérimenté de la biomasse ligneuse : le Castor d'Europe (Castor fiber L.). Ce rongeur réintroduit dans les années 1970 se délecte des salicacées, dont le Peuplier noir et délaisse l'Érable américain. Il serait abusif ici de réduire la situation au fait qu'une espèce protégée (le Castor) favorise indirectement une espèce exotique (l'Érable américain). Par ailleurs, les phénomènes d'accrétion et d'érosion lors des crues redessinent en permanence les contours de la mosaïque de ces espaces naturels, notamment pour les habitats de début de succession. Cela induit de fortes variabilités dans la distribution spatiale des communautés végétales le long des toposéquences allant des grèves découvertes à l'étiage jusqu'aux