Un colloque est d'abord l'occasion de retrouver des amis ou de se faire des amis, d'échanger pendant les séances et hors des séances des propos plus ou moins vifs ou chaleureux, et c'est une mission que ce colloque a parfaitement remplie. Nous avons pu aussi nous instruire. L'intitulé de ce colloque-regroupant une famille (les Pascal), un lieu (Rouen), des dates (1640-1648)-inquiétait quelque peu. On pouvait imaginer des rencontres comme on en faisait autrefois, avec des causeries brillantes et amusantes, des anecdotes, des allusions mondaines. Ce fut tout autre chose. Nous eûmes un grand colloque. C'est-à-dire un colloque international, puisque des Américains, des Japonais, des Italiens sont venus parmi nous, et un colloque pluridisciplinaire, où l'histoire de la société française, l'histoire des sciences, l'histoire des idées et de la philosophie se sont retrouvées. On ne saurait trop insister sur l'importance de la pluridisciplinarité, qui est devenue indispensable. Sur un sujet apparemment restreint, comme celui qui fut abordé durant ces trois journées, des éclairages multiples purent converger et s'enrichir mutuellement. C'est ainsi que nous fut présentée Rouen au temps des Pascal. Ville internationale, ville riche, ville de commerce et d'industrie, où règnent une oligarchie de parlementaires et quelques grandes familles de protestants, dont les entreprises prospèrent. Cette opulence n'empêche pas, génère peut-être, des conflits sociaux d'une extrême âpreté. La révolte des nu-pieds et la dure répression qui suivit, ont évidemment nourri la pensée politique de Pascal, qui ne doit pas seulement ce qu'on a baptisé son « conservatisme » à la lecture de saint Augustin et de Machiavel. Cette ville témoigne également-malgré quelques carences dans l'enseignement du collège de Bourbon-d'une grande vitalité intellectuelle. C'est à Rouen que Petit, Pecquet, Guiffart vont développer et illustrer la méthode expérimentale, à laquelle Nouvelles pascaliennes