“…Au cours des 30 dernières années, le gang de rue s'est institué comme réalité objective « allant de soi » : le gouvernement du Canada dénombre 434 gangs de rue et 7000 membres au pays (Gendarmerie royale du Canada, 2006). Objet de savoirs experts (Hamel, Alain et Messier-Newman, 2015), la catégorie de gang de rue exprime son caractère hégémonique au Québec à travers un ensemble d'institutions qui adoptent de nouveaux dispositifs de contrôle et de ciblage -la sécurité publique (Ministère de la Sécurité publique, 2007Sécurité publique, , 2012, le système de justice (Piché, 2014), les centres jeunesse et les services correctionnels , la police (Decker, 2003). Si la notion de gang de rue produit des effets de réalité (Hacking, 1996) pour les populations qui y sont soumises, plusieurs travaux récents ont pourtant remis en question cette notion en montrant sa variabilité définitionnelle (Cauchie, Corriveau, Tracqui et Cyr, 2015), ses frontières incertaines et sa contingence historique (Castillo et Goyette, 2015).…”