Depuis Darwin, psychiatres et biologistes évolu-tionnistes se sont posé la question pourquoi certaines de nos capacités mentales et émotionnelles sont plutôt mal conçues, étant donné que la sélection naturelle a produit des solutions ingénieuses à tant d'autres traits. Au cours des 50 dernières années, les psychiatres évolutionnistes se sont employés à répondre à cette question par le biais d'un certain nombre de modèles explicatifs. Ainsi, ils ont avancé la thèse que les troubles mentaux doivent être considérés comme des dissonances, voire des adaptations, plutôt que des maladies. Ces modèles sont vraiment fascinants, mais la plupart d'entre eux reposent sur des hypothèses contestables. Par exemple, les psychiatres évolutionnistes prétendent fréquemment que la schizophrénie est vieille de plus de 100 000 ans, même si, en fait, il n'existe pas de bonnes raisons d'y croire. De plus, ce qui plaide en faveur de la psychiatrie évolutionniste, c'est qu'elle nous invite de toute manière à réfléchir sur les alternatives évolutives possibles quant au rôle actuel du patient psychiatrique.Mots clés Psychiatrie évolutionniste · Schizophrénie · Shamanisme · Génétique évolutionniste · Sélection naturelle · David HorrobinAbstract Ever since Darwin, both psychiatrists and evolutionary biologists have wondered why some of our mental and emotional capacities are rather badly designed, given that natural selection has produced such ingenious solutions to so many other traits. Over the last 50 years, evolutionary psychiatrists have set out to answer this question by means of a number of explanatory models. Thus they have argued, for example, that mental disorders should be considered as mismatches or even adaptations, rather than diseases. These models are truly fascinating, yet most of them rely on disputable assumptions. For example: evolutionary psychiatrists commonly claim that schizophrenia is at least a-hundred thousand year old, while there are in fact no good reasons to believe so. On the plus side, however, evolutionary psychiatry certainly invites us to think about possible evolutionary alternatives for the contemporary role of psychiatric patient.