Introduction
S’il est vrai que le poids constitue un fort prédicteur de la santé physique et mentale, il n’en demeure pas moins que les facteurs psychosociaux positifs et négatifs en lien avec le corps sont également susceptibles de jouer un rôle important. En outre, tant des fondements théoriques que des données empiriques tendent à indiquer que ces associations peuvent varier en fonction du genre. Nos objectifs étaient, d’une part, d’analyser les associations entre les émotions liées à la conscience de son corps (honte corporelle, fierté corporelle authentique) et la santé physique et mentale chez les jeunes adultes et, d’autre part, de cerner les différences potentielles dans ces associations en fonction du genre.
Méthodologie
Les données utilisées dans cette étude transversale ont été tirées de l’étude sur la dépendance à la nicotine chez les adolescents (étude NICO) et portaient sur 799 jeunes adultes (âge moyen = 33,6 ans [écart-type = 0,5]; 43,9 % d’hommes). Nous avons estimé les associations entre, d’une part, la honte corporelle et la fierté corporelle authentique (variables d’exposition) et, d’autre part, l’état de santé physique autoévalué et l’état de santé mentale autoévalué (variables de résultat) dans des modèles de régression linéaire tenant compte de l’âge, du niveau de scolarité et de l’indice de masse corporelle, et nous avons étudié les différences potentielles dans ces associations en fonction du genre en effectuant des analyses stratifiées selon le genre.
Résultats
Chez les femmes, l’état de santé physique autoévalué et l’état de santé mentale autoévalué diminuaient respectivement de 0,37 et de 0,38 pour chaque augmentation d’une unité de la honte corporelle. L’état de santé physique autoévalué et l’état de santé mentale autoévalué augmentaient de respectivement 0,25 et de 0,23 pour chaque augmentation d’une unité de fierté corporelle authentique. Chez les hommes, l’état de santé physique autoévalué et l’état de santé mentale autoévalué diminuaient de respectivement 0,35 et de 0,45 pour chaque augmentation d’une unité de la honte corporelle. L’état de santé physique autoévalué et l’état de santé mentale autoévalué augmentaient de respectivement 0,32 et de 0,21 pour chaque augmentation d’une unité de la fierté corporelle authentique.
Conclusion
Les interventions qui ciblent le poids sans tenir compte des émotions liées à la conscience du corps sont susceptibles d’omettre un facteur clé de l’état de santé autoévalué.