Cet article s’intéresse aux stratégies de disqualification d’un projet torontois de « smart city » qui avait vocation à devenir un modèle de portée internationale. Il s’agit donc d’interroger non pas les modalités de mise en circulation et de réception d’un modèle de ville et de ses « bonnes pratiques », mais les résistances à la construction d’une nouvelle norme produite localement et que ses défenseurs ambitionnent de diffuser. Pour cela, cette contribution se focalise sur le cas d’un think tank français de prospective urbaine. Grâce à celui-ci, nous montrons qu’à la périphérie de l’espace institutionnel se joue la formalisation et la diffusion de critiques formulées à l’égard d’un projet de « smart city » fondé sur l’usage extensif des données et sur un partenariat public-privé poussé.