Cet article présente une analyse des pratiques d’autoformation des enseignants de l’école élémentaire confrontés au confinement. La fermeture des écoles en France a astreint élèves et enseignants à s’engager dans une « éducation à distance d’urgence » (Bozkurt et al. 2020). Les recherches menées pendant cette période ont analysé les formes d’ingénieries pédagogiques des enseignants (Peraya et Peltier, 2020), la problématique des activités scolaires à domicile (Solari Landa et al., 2023), ou encore les inégalités d’accès aux équipements numériques (Boudokhane-Lima et al., 2021) et les disparités d’usages numériques dans l’enseignement (Michel et Pierrot, 2022). Toutefois, l’autoformation des enseignants aux et avec les techniques numériques reste peu abordée. Partant de définitions issues des sciences de l’éducation et de la formation, mais avec un regard infocommunicationnel, nous analysons les formes qu’ont pu prendre les pratiques d’autoformation des enseignants aux et avec ces techniques via deux séries d’entretiens semi-dirigés réalisés avec des professeurs des écoles et des directeurs en 2021 (n =72) et 2022 (n =46). Cette analyse met en lumière les pratiques d’autoformation hétérogènes des enseignants avec les techniques numériques, de la « débrouille » habituelle à l’urgence du confinement, se formant seuls ou avec leurs pairs pour répondre à leurs besoins et ceux des élèves.