L'âge maternel est le seul facteur étiologique dont le lien avec les anomalies chromosomiques de nombre (les aneuploïdies) est reconnu sans équivoque. Les non-disjonctions dépendantes de l'âge maternel intéressent l'ensemble des chromosomes (autosomes et gonosomes). Les plus représentatives sont constituées par les trisomies des chromosomes 13, 15, 16, 18 et 21, pour lesquelles l'origine maternelle du chromosome surnuméraire est largement prépondérante (93 % pour les trisomies 18 et 21; 100% pour la trisomie 16) [1]. La majorité des aneuploïdies d'origine maternelle a pour cause une erreur de ségrégation survenue de novo lors de la première division méiotique. Des études moléculaires familiales réalisées pour différentes trisomies ont mis en évi-dence la diminution, voir l'absence de recombinaisons méio-tiques pour les chromosomes impliqués dans les trisomies [2,3], suggérant que le profil de recombinaison était un facteur important de prédisposition à la nondisjonction méiotique. Des études plus récentes ont démontré l'existence d'une corrélation entre la position des chiasmatas sur les chromosomes et la survenue des non-disjonctions de première division méiotique [4]. Ainsi, les échanges proximaux, proches du centromère, conféreraient aux chromosomes une capacité de ségré-gation méiotique bien meilleure que les échanges chiasmatiques distaux, plus éloignés du centromère. Dans ce contexte, l'effet de l'âge maternel porterait sur la dégra-dation de facteurs cellulaires nécessaires à la formation et au fonctionnement du fuseau méiotique. En 1994, R.S. Hawley et al. [5] suggéraient que la capacité ovocytaire à former un fuseau opérationnel pouvait diminuer avec l'âge maternel. Dans les ovocytes «âgés», les anomalies de formation ou de fonctionnement du fuseau pourraient ainsi favoriser la non-disjonction des chromosomes homologues sans chiasma ou avec des chiasmas distaux (‹).> L'étude chromosomique des ovocytes humains issus d'échecs de fécondation in vitro, constitue une approche directe des mécanismes de nondisjonction chromosomique, malgré les difficultés techniques inhérentes à l'analyse de ces cellules. Une étude réalisée sur un vaste échantillon de 1 397 caryotypes ovocytaires a permis de réa-liser une analyse fiable et précise de la corréla-tion existant entre la formation méiotique de ces anomalies et l'âge maternel. Deux modes de nondisjonction méiotique ont été identifiés : la nondisjonction classique de chromosomes entiers et un type particulier de séparation prématurée des chromatides aboutissant à la transmission méio-tique de chromatides isolées. Ces deux formes de non-disjonction sont corrélées à l'âge maternel, mais il apparaît que la corrélation est beaucoup plus significative pour le mode de séparation prématurée des chromatides. Ce phénomène constitue donc un mécanisme essentiel de nondisjonction dans le sexe féminin, et pourrait être lié à une perte progressive de la cohésion molé-culaire assurée par des protéines spécifiques (les cohésines) entre les chromatides homologues. <